566              MEMOIRES DE PIERRE DS L'ESTOILE.
s'est retiré à Pontoise, dans le dessein, lui, son fils 'et ses amis, de reconnoître le Roy, et d'abandonner le parti de l'Union.
Le lundy 27 de decembre, on a eu avis que le sieur de L'Hospital Vitry, gouverneur de Meaux, après avoir assuré plusieurs fois le duc de Mayenne, soit en paroles et par écrit, que le Iloy s'étant converti, il ne pouvoit désormais porter les armes contre Sa Majesté, il avoit la veille de Noël assemblé les priùcipaux de la ville de Meaux, ausquels il avoit dit que son intention étoit de reconnoître le Roy; et qu'-ifrantde les quitter il avoit b Jen voulu les en avertir, et leur laisser la li­berté de prendre le parti qu'ils jugeraient le meilleur ; que pour lui il étoit sorti du service du Roy, à cause qu'il étoit huguenot; qu'il y alloit rentrer, puisqu'il étoit catholique.
Après ce petit discours, il a rendu les clefs de la ville, il a pris l'écharpe blanche, s'est mis à la teste de sa compagnie de cavalerie, et est sorti de la ville. Les magistrats et principaux bourgeois se sont incontinent après assemblez dans l'hôtel de ville. Après avoir de­liberé sur cet évènement pendant près d'une heure, ils ont resolu tous unanimement d'imiter leur gouverneur, et de se donner au Roy : ce qu'ils ont confirmé en criant tous vive le Roy 1 Ensuite un grand nombre, conduits par les principaux, ont couru arrester Ia femme du gouverneur (0, qui étoit deja montée en carrosse avec ses enfans, ët.l'ont sollicitée, les larmes aux yeux, de faire revenir son mari. Elle a détaché aussi-tôt pour courir après le gouverneur, qui étoit
(-) La femme du gouverneur: Françoise Brichanteau, fille de Nicolas, seigneur de Qeauvais-NRngis, et de Jeanne d'Aguerre.
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